dimanche 16 avril 2017

LA CAMARDE ...



LA CAMARDE



ET POURTANT ...


Depuis ma naissance une sorcière est cramponnée 
dans mon dos
J’ai grandi et elle doit avoir grandi avec moi
Je sens ses ongles dans mes épaules
Et son haleine chaude dans mon cou
Partout je l’emmène avec moi

Vous ne la voyez pas mais elle est bien là
Dans la nuit de ma chambre elle est là
Au bout des sentiers elle est là
Au milieu de l’océan elle y est
J’ai vu partout des cimetières
Elle m’y conduit

Cimetière de mon village
Où reposent mes parents
Cimetières des Antilles
Des bougies les éclairent à la Toussaint
Cimetières anciens des îles de l’Océan Indien
Où les tombes ne sont plus que débris
Croix brisées
Et trous béants
Noirs
Abandonnés



Autres cimetières
J’ai le souvenir de certaines îles
Où l’on voit des crânes soigneusement polis
Posés dans les lacis des racines aériennes du banian
La sorcière riait dans mon dos


J’ai vu
J’ai vu dans les villes d’Asie
J’ai vu sur des bûchers
Au bord des routes
Se consumer des hommes et des femmes
Et puis j’ai vu les cheminées des incinérateurs
Chaque fois que je prends un chemin
La sorcière rit dans mon dos
Je t’aurai dit-elle
Je t’aurai bientôt !





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire