mercredi 26 juillet 2017

LA MARIE - JEANNE SUR L'OCÉAN ... XLVIII à L



LA MARIE-JEANNE

                     Suite :XLVIII à L




                      





_ XLVIII _




... Antoine Vidot et Selby Corgat sont encore

vivants, quoique très faibles tous les deux ...

Ils se sentent si faibles qu'ils n'ont plus guère

l'espoir de vivre bien longtemps encore ... Ils se

 sentent tellement seuls dans le milieu de cet

océan et tellement au bout de leurs forces ! ...

Le bateau continue à les emporter sur cette

étendue d'eau salée qui leur donne la nausée ...

Il n'existe plus rien au monde que cette étendue

 d'eau salée ...





... On entend bien, de temps en temps, du côté

de l'ouest, le vrombissement d'un avion ...

On voit parfois des avions, même ... Mais ils

passent si loin ! 

Le soleil brûle : Dans la cabine du moteur, il y a

 un cadavre auquel on n'ose même plus penser

... À l'extérieur, sur le pont, on brûle au soleil,

perpétuellement ...

" Nous avons faim ..."




                                    


_ IL _




Deux garçons sont perdus sur un bateau qui

dérive depuis des jours et des jours, depuis des

semaines et des semaines ...

Ils dériveront jusqu'à quand ? 

Tout à coup ... Mais qu'est-ce que cela ? Ce bruit

 assourdissant ! ... La trompette du Jugement

Dernier ? 

Non pas la trompette du Jugement dernier ...

Bel et bien la sirène d'un navire ... Le son vous

en saisit jusqu'à la moelle ...

On est donc encore vivants ? 

Il est là, le navire, là, à portée de main ...

La proue d'un grand navire, sur laquelle on

peut lire un nom : "Montallegro". C'est à peine

si les deux rescapés ont assez de vie pour

trouver de la joie ... 



"Nous avons faim ... "



Là-haut se penchent des têtes curieuses ...


"Nous avons faim", crient les deux rescapés ...

Mais ont-ils encore la force de crier ? 




                                    





_ L _




Moi qui vous conte cette très véridique histoire,

 moi qui vous demande compassion pour ceux

qui sont passés de vie à trépas, dont les âmes

errent sur l'étendue des océans, mêlées aux

oiseaux de mer ... Les oiseaux de mer ...

Entendez-vous leurs lamentables cris ? ...

Ils vont au ras des flots puis se regroupent,

crient, montent dans le ciel, se laissent choir,

plongent, puis remontent et s'éloignent à tire

d'ailes, suivant les bancs d'anchois,

accompagnant les thons et les grands espadons

... Entendez les cris lamentables des oiseaux et

des âmes, et priez pour ceux que garde l'océan ..

. Ils sont en grand nombre et nous supplient. 



                                  






Le conteur vous doit une explication. Il vous la

donnera, mais sans doute l'avez-vous déjà

découverte : Ce sont deux navires pétroliers qui

sont passés près de la Marie-Jeanne, l'un après

l'autre, il n'y a aucune ambiguïté ...

Le "Montallegro" est passé le premier ... 




_" Nous avons faim ", ont crié Selby et Antoine."



                                   





Au bout d'un filin, l'équipage du "Montallegro"

leur a descendu des biscuits, deux pommes

d'Afrique, des citrons ... Ils se sont jetés dessus ...



_" Ne vous précipitez pas, leur a crié le Maître

d'Équipage, après une si longue diète, votre

estomac ne supporterait pas d'aliments solides.

Votre faiblesse est trop grande..."

Ils ont donc tout laissé retomber sur le pont de

la Marie-Jeanne ... Et c'est pourquoi le capitaine

 du "Harold Sleigh", le deuxième pétrolier qui

découvrit le bateau à la dérive dira avoir trouvé

des vivres ... Il ne pouvait pas savoir que deux

survivants avaient été recueillis déjà ...


                              





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