vendredi 28 juillet 2017

ODYSSÉE DE LA MARIE - JEANNE



LA MARIE-JEANNE

                     Suite : LI  à  LIII


                             

_ LI _




Les deux rescapés ont laissé retomber sur le

pont les vivres qui leur avaient été donnés ...

Ils attrapent la corde qu'on leur lance ... Ils

l'attachent à l'avant de leur bateau ... On leur

lance une deuxième corde. Ils l'attachent à

l'arrière ... On leur en lance une troisième, plus

grosse et plus solide. On leur dit de la fixer à la

proue de la "Marie-Jeanne", mais ils n'en ont

plus la force ...

Alors, un homme du "Montallegro" descend par

 une échelle de corde ... Il fait l'amarrage ...




La Marie-Jeanne est solidement amarrée, par

l'avant et par l'arrière. Elle est au pied de la

muraille du pétrolier, tout près ...

La mer est calme ... Avec un palan, on descend

un tonneau vide, les deux hommes y sont placés

 ... Le palan les remonte. Les voila sauvés !




                             


Selby Corgat et Antoine Vidot sont sauvés de

l'océan qui les avait pris, avec leurs compagnons,

 soixante quinze cinq jours plus tôt ...

Vous vous rendez compte ? _ Soixante quinze

jours de dérive, avec pour seul spectacle les

immenses étendues, tantôt calmes, tantôt

soulevées en lames couvertes d'écume :

Désespérantes étendues semblables à un grand

lac d'huile parcouru de reflets, troupes de

vagues rageuses, accourant les unes derrière

les autres, inlassablement, se brisant contre la

coque du bateau, courant encore plus loin,

toujours plus loin ... Soixante quinze nuits,

parfois sombres, parfois claires ... Reflets sur

les eaux, comme sur un miroir ... Clairs de lune

... Chemins d'étoiles ... Grands poissons parfois,

 qui sautent au loin ... Phosphorescences ...

Les oiseaux qui crient ...

Et les amis qui meurent ... Dont on jette les

corps dans l'océan ... Les corps des amis ...

Les corps des parents ... 






                  








_ LII _








Antoine et Selby sont à bord du "Montallegro"

... Antoine et Selby sont sauvés ... L'ordre est

donné d'abandonner la Marie-Jeanne ...

On se trouve à ce moment au sud de l'équateur..

. Par 6°45 de longitude et 45°05 de latitude est.

Le navire pétrolier remet en route. Antoine et

Selby sont sauvés sans doute ... Mais ils sont si

amaigris, ces deux adolescents que le hasard

vient de confier à l'équipage du "Montallegro" !

... On dirait de véritables squelettes ! ... Est-il

possible d'être exténué à ce point ? ... Antoine,

qui pesait cent cinquante-neuf livres en partant

des Seychelles n'en pèse plus que ... soixante six



On prodigue aux deux rescapés tous les soins

possibles ... Le Capitaine, Carlo Girola, câble

la nouvelle aux Seychelles :



_" La Marie-Jeanne est retrouvée, avec deux

survivants à son bord, Selby Corgat et Antoine

 Vidot ..." 


En moins de temps qu'il n'en faut pour le

dire, la nouvelle fait, à Mahé, le tour de l'île.

Elle fait sensation ! _ Qui eut cru que l'on

pouvait survivre en mer pendant deux mois et

 demi sans vivres ? ...

On attend la fin de l'odyssée. 





                             












_ LIII _







Mais revenons à bord du " Montallegro",

revenons auprès des rescapés et de ceux qui

en prennent soin ... Le Capitaine Girola câble

à un médecin-spécialiste de Rome ...

Il obtient des indications sur la manière de

secourir les deux jeunes-gens : "Au début, ne

leur donner qu'un peu de soupe ... Leur faire

des injections de caféine ...

Les laisser dormir". 

Antoine et Selby dorment en effet ...

Ils dorment presque tout le temps ...

Pourtant, dans un intervalle de réveil,

Antoine se souvient qu'ils ont laissé sur la

Marie-Jeanne le corps de Monsieur Corgat ...

Il en parle avec Selby ... 




_"Trop tard "! leur répond le capitaine Girola:

 On ne peut plus revenir en arrière ...

Le pétrolier se dirige vers Koweït, au fond du

Golfe Persique. 




Et voila pourquoi le capitaine Archibald, du

"Harold Sleigh", venant à croiser la

"Marie-Jeanne" à son tour découvre un

cadavre, des vivres, des vêtements, treize

livres sterling en billets des Seychelles ...

Il fait jeter le corps à la mer et prend la

"Marie-Jeanne" en remorque vers Bahreïn ...

Lorsqu'il câble à Londres pour faire part de

sa découverte, on est bien près d'imaginer un

crime, un drame sanglant ...

Allez donc savoir !... Elle en a gardé secrets,

des crimes et des drames, la mer !













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