dimanche 9 juillet 2017

ODYSSÉE DE LA MARIE-JEANNE





LA MARIE-JEANNE






_ I _



Laissez, dans le foyer, couver la braise, amis,

demeurez assis, faites silence et prêtez _ moi

l'oreille. 


Je vais vous conter l'histoire ... Qui est une

histoire vraie ... Et qui est une terrible histoire ...

 L'histoire de la "Marie _ Jeanne" ...

Jamais on n'entendit plus terrible histoire ...


C'est l'histoire d'un bateau de bois de takamaka.

 Il a été construit sur une plage de l'île de Mahé,

 la plus grande de l'archipel des Seychelles,

tout au-milieu de l'Océan Indien... L'archipel

des Seychelles : Une pincée de roches de granit

que l'on a nommées Mahé, Praslin, La Digue,

Silhouette ... Et quelques autres cailloux, dont

l'île Longue, l'île Ronde, l'île Cachée et

l'île Anonyme. _ Ah ! L'île Anonyme ! _

On dit que sur l'une d'entre elles est caché le

trésor du pirate La Buse ... Mais c'est une autre

histoire ... Je vous la conterai un jour aussi,

pour autant que vous me le demandiez ...




















_ II _





C'est en en mille neuf cent cinquante trois ...

 Mon histoire n'est pas ancienne ...

Chacun de nous aurait pu se trouver là, sans

aucun doute, à bord de la "Marie_Jeanne" ...

Bateau de bois de trente cinq pieds, construit

en bois de takamaka par les excellents

charpentiers de Mahé ... 



En plein milieu du jour ... Et je ne sais plus

quel était le jour de la semaine ... On était parti

un dimanche ... Mais allez donc savoir quel jour

 on était maintenant! ... Le soleil brillait comme

il peut briller dans ces parages proches de

l'équateur. La mer est lisse, aveuglante comme

un miroir ardent ... Dans la cabine, il fait

encore plus chaud que dehors ... Dehors où le

soleil grille les membres, brûle les yeux ... 



Demain vous rencontrerez peut-être l'un des

Seychellois qui ont attendu en priant, ou

cherché sur la mer. Il pourra vous confirmer

que ma terrible histoire est bien réelle : C'est

l'histoire de la Marie _ Jeanne ... Tout le monde

 la connaît ...




















_ III _



Le soleil brille comme il peut briller dans ces

parages. Nous sommes au-milieu du jour.

Les membres grillent et les yeux sont brûlés.

Dans la cabine, à l'intérieur, il fait encore plus

chaud que dehors. Dix passagers sont à bord,

hommes et femmes. Le silence est des plus

complets, lourd, profond, angoissant ...

Un silence que rien ne vient interrompre, si ce

n'est une voix de temps à autre ... Mais on parle

 peu ... De moins en moins souvent ...

Depuis combien d'heures, combien de jours ...

Depuis combien de temps le moteur de la

"Marie-Jeanne" s'est-il tu ? 

De temps à autre on entend cogner quelque

chose sur les planches du pont ... Mais on bouge

de moins en moins, et le silence est le maître,

de plus en plus : Est-ce ainsi que l'on entre

dans l'éternité ? ... Pas une vague, pas un

clapot contre la coque ... Pas un mouvement de

roulis ... Pas de mouvement du tout ...

Et rien sur l'océan ... Rien que des milliers de

miroirs qui scintillent et vous brûlent les yeux. 







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