LA MARIE-JEANNE
(SUITE)
_ XIX_
La vie ne tient qu'à un fil. Le conteur sait
beaucoup d'autres histoires, beaucoup
d'histoires. Chacune n'est qu'illustration
de cet
adage : Le hasard ... La malchance ...
Un rien...
Tout bascule au moment où l'on s'y attendait
le
moins
...
Au moment où les certitudes paraissaient les
plus fermes ... A quoi tient le sort ? ...
Cette histoire, amis, vous montrera que nous
ne
sommes que peu de choses en cette vie et
qu'aucune certitude n'est jamais définitive
...
Cette histoire vous montrera que le malheur
n'est souvent pas où on l'attend. Écoutez
moi
bien : Je vais vous surprendre encore ...
_ XX _
C'est un samedi ... C'est le trente et un
janvier ...
Le
vent d'ouest souffle, souffle avec violence ...
Il pleut, comme il peut pleuvoir sous
l'équateur :
Une
pluie violente, serrée, continue...
Dans une case de bois, sur le mont Buxton,
au-dessus de la ville, une femme âgée se
meurt ...
C'est
Edith Rose. Toute la famille est à son
chevet ... Enfin ... Presque toute la
famille :
Il manque la mère du gendre de la mourante :
Elle n'a pas pu quitter Praslin par le
dernier
bateau parce qu'elle était souffrante.
Joachim Servina se met en tête d'aller la
chercher afin que toute la famille soit
réunie.
_ "Y a-t-il un bateau qui quitte Mahé
pour Praslin" ?
_ "Va donc trouver un Capitaine qui
accepte de
prendre la mer par un temps pareil"
!
Ce n'est pas qu'il y ait très loin, de Mahé
jusqu'à
Praslin ... que l'on distingue très bien sur
l'horizon, servant de fond à l'île
Sainte-Anne ...
Juste un peu plus d'une quinzaine de
kilomètres ... Mais avec ce temps ! ...
On va jusque chez monsieur Corgat ... Il
vient
de faire construire un bateau à moteur ...
Un beau bateau en bois de takamaka, un
bateau
de
trente cinq pieds ... Un bon et solide bateau .
.. Prêt à prendre la mer.
Son propriétaire accepte de le prêter ...
Mais qui en sera le Capitaine ?
_ Joachim ne perd pas de temps : Il court
chez
un armateur de sa connaissance et le supplie
de
leur
prêter les services de l'un de ses capitaines
...
Ce sera Louis Laurence qui viendra ...
Un vieux loup de mer ...
À onze heures du matin, on s'embarque.
Six personnes montent à bord : Monsieur
Corgat, son fils Selby, âgé de quinze ans,
le Capitaine Louis Laurence, Antoine Vidot,
mécanicien, Joachim Servina et son cousin
Auguste Lavigne. Le Capitaine du port de
Victoria, en bonne et due forme, accorde
l'autorisation d'appareillage ...
_ XXI _
Un bateau tout neuf, solide, beau et bien
fait ...
Un capitaine aguerri, un mécanicien ...
Le vent a beau souffler, la mer a beau être
forte .
.. Où auriez-vous bien pu imaginer un
danger,
pour une traversée si courte et si banale,
en
plein jour et en gouvernant à vue ?
La vie ne tient qu'à un fil ... Le malheur
est
souvent à un autre endroit que celui où on
l'attend ...
Le bateau prend la passe. Il longe l'île
Sainte-Anne qui en marque la sortie. La mer
est
dure,
mais il y a ici de bons marins ...
De quoi aurait-on peur ?
_ XXII _
La panne ! ... La panne de moteur !
... Crachotements, hoquets ... Une explosion
...
Deux explosions ... Plus rien ... Rien qu'un
petit
nuage de fumée bleue que le vent dissipe
...
Pas de quoi s'affoler ... On en a vu
d'autres ...
Antoine se met au travail, démonte le
carburateur ... Le Gicleur est bouché : Il
suffit
de souffler dedans un bon coup, puis de
remettre tout à sa place ... Le moteur
repart.
Heureusement, on était tout de même assez
loin pour que le bateau ne soit pas drossé
conte le récif... Pas de mal, même pas de
peur !
Pas de peur non plus lorsque la panne se
renouvelle : Deux fois encore...
Il ne faudrait pas que cela recommence
pourtant : L'heure tourne ...
Avec une mer aussi dure, il faut toucher
Praslin
avant
la nuit ...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire