mercredi 12 septembre 2018

CONGO - BRAZZAVILLE - 1971





CONGO  -

   - BRAZZAVILLE

                       1971








Par quel bout tirer le fil ?

Écheveau d’invraisemblables souvenirs

La Bonne Sœur qui enseignait
                        à l’école consulaire ?

L’enfant qui manipulait une kalachnikov ?

Ou bien les femmes

Cueillant des chenilles dans les arbres

Velues

Poilues …

Leurs bassines en matière plastique

Rouges

Jaunes

Bleues


Si, si … ça se mange, les chenilles !



Brazzaville !







Le fleuve Congo

Large

Lent

Jacinthes d’eau

La frontière avec le pays voisin

Soupçons



Baobabs énormes bouteilles

Les pirogues sont là


Au marché de Poto-Poto

Des singes écorchés

Fumés

Viande de brousse

Sur les étals on présente des macaronis

Par petits paquets de cinq

Une femme jeune et altière

Marche

Sa robe est multicolore

Sur la tête elle porte en équilibre

Un tubercule d’igname

De plus d’un mètre de long

Princesse, va !



Les Chinois ont créé des exploitations agricoles
On va chez eux en voiture
C’est à une dizaine de kilomètres
La milice tient plusieurs barrages
Pour passer, il faut laisser un tribut
Quand vous arrivez chez vous, la voiture est vide !





Au couvent cela sent bon la cire
Les Bonnes Sœurs font briller les meubles
Dont une grande armoire normande


Je suis affecté au Centre de recherches
                                          Pédagogiques

En fait de recherche

On ne cherche que les chercheurs

Leurs chaises sont vides

Politique !

Entrez dans une école un cri retentit
« Tout pour le Peuple !
Rien que pour le Peuple »
Les poings se tendent
Les « chercheurs » sont allés voir ailleurs
Il y a rendez-vous tous les soirs
A la piscine des Caïmans
 
 


« Congo, reine des fleuves … »
L’hymne national … »


Quand je suis arrivé, on a logé ma famille
                          dans une case en bambous

« Il faut faire attention
Ils poussent de l’extérieur le climatiseur
Et ils entrent par là »


Le lendemain, on nous a logés dans un immeuble
                      Tout neuf

On appelait ça les « 32 logements italiens »

Il y a beaucoup de tours et de barres
                                                    à Brazzaville

Appartements confortables !

Gardiens congolais armés chacun d’une lance

Comme Ulysse et Patrocle

Occupants Français

Russes en quantité

Ah ! La vodka !

Toutes nationalités mélangées




Notre boy était charmant et stylé

Il avait travaillé chez le Gouverneur !

Il cherchait l’argenterie pour dresser la table

Nous n’avions rien qui puisse répondre
                                               à sa demande

Il habitait une case

Elle n’avait pas de tôles sur le toit



Tous les Congolais couraient après Diawara

Diawara était dans le pays voisin

Zaïre

Politique quand tu nous tiens !



Diawara finit au centre du stade de foot-ball

Le cou coupé

On l’avait cherché pendant des mois et des mois



« Tout pour le Peuple !
Rien que pour le Peuple ! »


Ramos, l’entraîneur
Les veilles de match
Il allait sur le stade pour voir sur quels buts
             Etaient perchées les aigrettes garzettes
              Pronostique !



« On n’avait plus de  place
              pour construire les maisons
Les Français nous ont appris :
On fait comme tout le monde
On construit des maisons les unes sur les autres :
        Ça fait des immeubles ! »
C’est le coiffeur qui m’a dit ça …




Nuit du défilé des chars

Chenilles qui grincent sur le goudron

La station de radio-diffusion

Pendant que je parle

Une mitraillette à droite du micro

Une autre à gauche

Les doigts sur la détente

Je parle à destination des enseignants

De grammaire structurale


Au zoo de Brazza

Il y a un chimpanzé qui fume la cigarette



Du Zaïre en contrebande

Ivoires

Malachites

Azurites


A l’école consulaire ça ne va pas
Je suis obligé de mettre ma fille dans l’avion
Pour la France


                            


Dès la fin de l’année scolaire

C’est moi qui prends l’avion

Adieu Brazza !

Je me souviendrai toujours

De la réception à la case De Gaulle

Et de la Française qui faisait glisser
                                  dans son cabas

Les langoustes du buffet !



J’ai tiré sur le fil

Et voilà comment c’est venu



Inattendu : A Brazzaville, les nuits sont fraîches !



Confiance ! Confiance !

Avant l’embarquement dans l’avion

Il faut montrer sa quittance d’impôts !


Adieu Brazza !




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