samedi 29 septembre 2018

EN PROVENCE : LORGUES;




LORGUES










Me voilà à Lorgues, inscrit au “Collège

Moderne et Technique”. L’adjectif “moderne”

était rassurant : on ne me demanderait plus jamais

d’étudier le latin !



       La période qui commençait alors s’avéra très

 étrange, initiatrice, inoubliable. Je fus à la fois

très heureux et très malheureux, et ces

alternances ne sont-elles pas l’image de la vie ?

Comment débuter le récit ? Quelle chronologie,

quelle logique ?  J’eus des moments très forts,

très sensuels, très créateurs. Ce fut un véritable,

un authentique printemps ...












Dans un contexte inimaginable,

incroyable. Je vécus à la fois les

aventures du “Petit Chose” et celles du

“Grand Meaulnes”. Je vécus des

ivresses à la manière de “Manon des

Sources”, des rêveries à la Giono, des

emballements dignes de Fabrice del

Dongo. je me trouvais dans le pays des

“félibres”, je piégeais les grives, comme

le petit Pagnol..













Lorgues est un gros bourg situé au-dessus

de la cuvette des Arcs et de Vidauban.

On y est dans la montagnette et près des

pins. De là-haut, on dévale vers Le

Cannet-des-Maures et le Luc où

demeuraient mes parents, puis vers

Saint-Raphaël ou vers Soliès.

On n’est pas bien loin de Barjols où

l’on fête “les Tripettes” chaque année, en

 dansant dans l’église. On n’est pas bien

loin de Gonfaron ... Vous savez bien, la

 ville où la population, rangée en file

indienne souffle dans le derrière de l’âne

 avec un chalumeau, pour le gonfler et le

faire voler ! Et puis le dernier qui s’est

présenté a retourné la paille pour ne pas

porter à ses lèvres l’extrémité sucée par

les autres ... Ah, l’hygiène, mon cher !

Fréjus est proche, et Sainte Maxime,

Toulon ...












Lorgues s’organise de part et d’autres

d’une avenue en pente. Cette avenue,

comme il se doit, est bordée des deux

 côtés de grands platanes. Comme il se

doit également, il y a une fontaine qui

chantonne nuit et jour, et l’eau des

fontaines était potable en ce temps-là.

Comme il se doit, on boit le pastis et on

 joue aux boules. Vers midi, la petite

 ville est écrasée de soleil. Personne ne s’y

 montre, pas même aux alentours du bistrot

 dont le patron a fermé le rideau à demie.












Il n’y a personne aux abords du petit

garage où René Viéto et ses équipiers

remisent leurs vélos. Tout en haut de

l’avenue, derrière une grille, se dresse

 la bâtisse carrée du Collège “Moderne et

Technique”.

_”C’était hier, n’est-ce pas ?” m’a dit la

serveuse du bar ...


_” C’était hier !”

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