vendredi 21 septembre 2018

PÉRIGUEUX .....





PÉRIGUEUX











“Ils m’ont jugé à pendre

Que c’est dur à entendre

À pendre et étrangler

Sur la place du

Vous m’entendez

À pendre et étrangler

Sur la place du marché”
....



“Pleur’pas Nelly

Pleur’ pas Nelly

Demain on va me pendre

Pleur’ pas Nelly

Demain tout s’ra fini”


     






     



Et je dis :

Je dis automne

Je dis enchantement

Et je dis magie





Je dis Jaune franc

Je dis jaune d’or

Citron

Je dis jaune persan

Pourquoi persan ?




Sénégal

Et pourquoi pas ?

Je dis ocre jaune

Terre de Sienne brûlée

Ou pas brûlée

Carmin

Écarlate

Magenta

Rubis

Vermillon

Et je dis velours

Cachemire et brocart










Je dis roux

Roux surtout

Roux

Je dis l’écureuil la queue en panache

Et je dis le chevreuil et je dis le cerf et La biche

Je dis noisette

Et je dis noix

Pomme de mélèze

Et je dis le gland dans son cuir

La châtaigne






Je dis l’écharpe

Flottant au petit matin

Et je dis la montgolfière du soleil

Sans bruit

Surgie à la tête du grand chêne

Passe

Va doucement où l’imperceptible vent te mène





Château sur la crête

Multiples tourelles

Coupoles

Multiples fenêtres

Longues murailles





Mage

Je dis Magie

Je suis le Magicien

J’ai beaucoup marché sur les chemins du monde

Je marche encore et j’entre dans la ville

Les avenues sont jonchées d’étoiles

Prends garde où ton pied se pose

Sur les trottoirs j’ai semé des étoiles d’or

J’ai porté la flamme dans les allées de liquidambars

Flammes jaunes flammes rouges






C’est ainsi que je suis entré dans la ville

En passant par le jardin des poètes

Où le marronnier avait roussi






Magie des marchés dans les rues

J’ai fait venir aux parvis des cathédrales

J’ai fait venir ...



... “Y’a un’ si tant bell’ fille lon la
Y’a un’ si tant bell’ fille ...”









J’ai fait surgir des cathédrales et des palais

J’ai orné les murs de corniches et de moulures

Les fenêtres et les portes d’arches et de meneaux

D’ogives et de vantaux cloutés

J’ai élevé de hautes toitures et des tours

Couvertes d’ardoises et de tuiles douces




               

Et puis sur les places pavées de granit

J’ai installé les marchandes et les marchands

J’ai installé la poésie au milieu de la ville

Et tout est “plume sur la langue”





Les châtaignes et les noix

Les tomates et les choux

Pommes poires du pays

Conserves de foie gras

Saucisson de canard

Magrets et cous farcis

Confits cassoulets

Les raisins noirs blancs dorés

Et les figues. Ah! les figues !







J’ai servi le vin bourru à nul autre pareil

Le Bergerac et le Pécharmant

Les rouges et les blancs






Et puis je suis entré dans la cathédrale

Les grandes orgues y jouaient

Elles disaient bien que j’étais le Roi

Le Roi

Mais quand les orgues se sont tues

Un homme noir a joué de la khôra

J’étais le roi du monde !



On baptisait trois nouveaux-nés avec de l’eau sur le
                                        
                                                                          front
                                               
Et les vitraux flambaient




Je dis ocre jaune

Terre de Sienne brûlée

Et pas brûlée

Carmin

Écarlate

Magenta

Rubis et vermillon






Je dis roux

Roux surtout

Rousses les fougères

Rousses

Et je dis bleu bleu azur bleu






Et j’ai lancé des ponts

Sous leurs arches on voyait des coupoles et des                

                                                                  tours

Des eaux coulaient que l’on aurait voulu plus        

                                                                 claires

Mais elles l’avaient été sans aucun doute

En des temps longtemps

Un moulin en témoigne

Des chevelures vertes s’y déploient tout de même

Et des yeux y brillent, clignotants

Des saules y pleurent le temps qui passe

Mais un merle était caché dans le feuillage

Mon Dieu qu’il était gai !







Alors je suis sorti de la cité par la venelle étroite

Les étoiles d’or sur les trottoirs

Avaient séché un peu

Les pas en avaient détaché des pépites




L’an prochain il y en aura encore

Allons, je marche dans la poussière d’or

Par ci par là une étoile couleur lie de vin

Et les arbres n’ont pas encore fini d’ôter leur robe






Je sais que sous le sol à côté

Est une ville deux fois millénaire

Je sais

Je sais que partout je marche sur des os brisés.




        




“Ne pleure pas Jeannet-ette

Tra la la la la la la la la

Ne pleure pas Jeannet-ette

Nous te marillerons

Nous te marillerons ...”



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