mercredi 21 décembre 2011

LES LOCOMOTIVES À VAPEUR


Nous poursuivons aujourd'hui les observations que nous avons faites en "levant le nez en l'air".

Aujourd'hui, c'est à la gare de Cannes que nous allons ... La gare SNCF. Sur une façade aveugle quelqu'un a peint une fresque ... Admirable de réalisme !

C'était au temps des locomotives à vapeur ... Le conducteur passait le nez à la fenêtre. Il portait de grosses lunettes car la fumée était dense et les escarbilles nombreuses. Il était fier de sa machine et fier de son train.

Je me souviens ... Dans les wagons nous étions souvent debout dans le couloir car les places étaient toutes prises. Nous nous reposions un peu en nous asseyant sur nos valises. Il nous est arrivé de dormir couchés sur le sol, toujours dans couloir ... Nous tentions de nous infiltrer près des portes et près des toilettes : L'espace y était plus grand. Quand il faisait vraiment trop chaud et lorsque l'air devenait irrespirable, nous baissions une vitre. Nous passions le nez dehors ... Le vent nous faisait cligner des yeux ... Dans les longues courbes, nous pouvions apercevoir la locomotive, la gueule rougeoyante du foyer, le panache de fumée, le tender chargé de briquettes de charbon ... Dans l'autre sens, nous apercevions les wagons de queue. Comme nous ne portions pas de lunettes, les escarbilles nous brûlaient les yeux.

Je me souviens : Nous revenions d'Algérie. C'était en 1945 ... Nous étions descendus du paquebot à Toulon. Les quais étaient encombrés des carcasses de ferraille d'une flotte entière sabordée ... Nous avons pris le train : quatre enfants accompagnés de leur mère ... Nous nous rendions à Bordeaux où nous attendait notre père.

Nous avons mis cinq jours pour aller de Toulon à Bordeaux ! - Cinq jours à petite vitesse ... Des ponts avaient sauté et n'étaient pas encore réparés ... Des rails étaient endommagés ... Dans les gares, on ne nous attendait pas : Les jeunes femmes de la Croix Rouge nous portaient à boire et du pain, du lait aussi pour les bébés ... On envoyait notre train sur des voies de garage ... On nous y oubliait ... La gale et les poux s'y sont mis ... absence d'eau aux robinets, l'odeur devenait épouvantable : Odeurs de vomi et de couches sales, de débordement des cuvettes de toilette ...

Mais ce dont je me souviens le mieux ... C'est de la merveille : Le train ! ... Le train dont nous avions le temps d'admirer toute la suite des wagons, de la tête à la queue et de la queue à la tête ... La locomotive ... Luisante, puissante, vivante ... Le panache de fumée ... Le buste et la tête du conducteur qui apparaissait à la portière.

Au temps des locomotives à vapeur !

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