Quand on longe le bord de mer, depuis le palais des festivals jusqu’au port Pierre canto, on est sur la Croisette. La Croisette ! … C’est un lieu mythique … Peut-être plus encore que la promenade des Anglais, à Nice … Plus que la promenade du Soleil, à Menton.
L’anse présente un arrondi superbe et le regard court jusqu’à Saint Raphaël, à l’Ouest, jusqu’au Palm Beach de l’autre côté. L’allée fait face au Sud, c’est dire qu’elle est ensoleillée toute la journée. Les plages courent d’un bout à l’autre, en bas du parapet. Des alignements de chaises métalliques, peintes en bleu, permettent aux promeneurs de sacrifier de longues heures au dieu-soleil. On s’y repose, on y bavarde, on y lit, on y somnole … Deux ou trois kiosques à journaux, trois ou quatre groupes d’artistes peintres qui vendent leurs œuvres … (Et il y en a d’assez jolies) … Les dames promènent leurs chiens de poche … Des jeunes gens font leur jogging, certains ont des écouteurs dans les oreilles … Des enfants font de la trottinette … Des adolescents glissent sur leurs planches à roulettes : ils slaloment adroitement autour des promeneurs … Il y a foule, la plupart du temps, mais chacun a ses aises, les écoulements se font sans heurts, sans bruit. De jeunes mamans poussent leurs landaus.
Sur la route proche, qui sépare la Croisette des alignements de magasins de grand luxe et des palaces ou immeubles à la moderne architecture, passent les voitures et les bus. Certains de ces derniers, promeneurs de touristes, sont surmontés d’une impériale. Les palmiers emblématiques peuplent les pelouses … Les cyclamens roses, rouges et blancs, font des tapis pendant tout l’hiver. Quand on approche du port Canto, les roseraies s’élargissent, les ginkgo bilobas, à l’approche de Noël, s’apprêtent à se dévêtir : Ils ont pour l’instant revêtu leurs habits d’or. Les vedettes à moteur s’alignent le long des quais, somptueuses et racées. Les voiliers sont un peu tristes, sans leurs voiles et abandonnés, entassés les uns près des autres, mais le blanc et le bleu de leurs coques chantent dans la lumière.
Quand on va du port Canto jusqu’au Palm-Beach … C’est là que se trouvent les immeubles modernes les plus beaux, les plus nouveaux, les plus riches … Tous éclatants dans leur vêture blanche … Tous offrant vers le Sud leurs alignements de balcons ensoleillés. De ces balcons, on doit jouir d’un panorama superbe ! Ah ! Prendre son petit-déjeuner sur un semblable balcon, en pleine lumière, face à la Méditerranée, face aux plages, face aux îles ! … Mais Cannes n’est plus un lieu de villégiature hivernale … Il l’a été, aux siècles derniers, au temps où les dames anglaises et les dames russes venaient soigner leur phtisie au soleil de la Côte …
De nos jours, une église anglicane demeure dans la ville, une église orthodoxe russe … Il y a beaucoup moins de Britanniques qu’autrefois, les Russes demeurent.
Cannes est devenue une ville de résidences secondaires. Les appartements sur le Croisette se vendent à prix d’or, mais, l’hiver, ils restent vides et fermés pour la plupart ! – Comptons, par un bel après-midi de décembre, les volets ouverts aux façades de ces immeubles si beaux ! Il y en a bien peu et, sur certains balcons, les tables du petit-déjeuner sont renversées en compagnie de quelques fauteuils … Gageons que tous ces volets roulants, dès le retour de l’été, s’ouvriront ensemble … Tous les yeux seront alors ouverts et les faces tournées vers le soleil.
Un dernier mot pour évoquer l’architecture de ces immeubles modernes : Lignes pures, droites, ne manquant pas d’harmonie … Mais quel contraste avec l’architecture des siècles précédents, toute de grâce, de guirlandes, de masques et de ferronneries ! Les demeures d’exception sont sur les pentes des collines : Villas et palais, châteaux, parcs et terrasses …
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