L’MMÉDIAT APRÈS GUERRE.
LE MAGHREB ET PUIS …
DES PETITS CAILLOUX, CHAPITRE VII
Dans le Sud marocain coulait le
Souss. Les paysans foulaient la glaise avec de la paille hachée, pour en faire
des parpaings d'adobe, qui sécheraient au soleil. Pendant ce temps-là, des
guerres se déroulaient quelque part. L'âne aux yeux crevés, pourtant, tournait
toujours la noria, dans les jardins de Rabat. Les godets déversaient l'eau
claire et qui chantait. Les cigognes craquetaient sur les remparts des vieilles
villes, en renversant la tête.
En Algérie, je n'ai rien connu des
passions du monde, que des instants d'ivresse et de folie : Les embrassades et
les drapeaux, les foules, toutes couleurs confondues et toutes formes,
célébrant dans les rues d'Oran la libération de Paris. J'avais débarqué à
Toulon pour n'y voir que ferrailles tordues et prisonniers de guerre par
colonnes entières, surgis d'où, allant où ? À Rochefort, j'avais vu rouler des
files et des files de camions américains. Les graffitis, sur les murs de nos
villes n'avaient pas tardé à réclamer le "Go Home" de nos
libérateurs.
*
J'avais joué au football avec des
prêtres vendéens. J'avais sonné du clairon à la tête des processions, de
reposoir en reposoir. Dans le Var, j'avais appris à "changer de peau"
aussi souvent que je changeais de territoire ...
Où et quelle logique ? Quelle unité
dans tout cela ?
Hors du temps !
En Provence, on ne croisait pas de camions
américains. Personne ne parlait de la guerre récente. Y avait-il eu, même, une
guerre ici ? On semblait plutôt craindre des guerres intestines à venir. Il y
avait des grèves partout.
-"Le Kommunisme cherche à
s'étendre et à prendre le pouvoir".
Nos officiers faisaient des plans à
mi-voix. On reparlait du "Grand Soir".
-"Le soir du "Grand Soir,
il faudra sauter dans les camions et gagner Saint-Raphaël. Ici, la base ne
pourra pas résister."
J'avais déjà entendu des choses
identiques lorsque nous étions à Agadir :
-"Si les Américains débarquent
ici, il faudra sauter dans les camions. Les pleins doivent être faits en
permanence. Nous essaierons de gagner Dakar par le désert ..."
Il y avait si peu d'armes, si peu de
marins, autour de ce qui n'était qu'un vaste chantier de construction d'un
aérodrome! Les colonnes interminables de dromadaires transportaient les pierres
dans des paniers, les pierres que l'on avait concassées à coups de marteaux !
Quand un dromadaire s'agenouillait pour qu'on décharge son fardeau, il
allongeait son cou d'animal antédiluvien, renâclait, dressait la tête, poussait
des cris étranges, montrait ses dents jaunes, et bavait ... Nous étions, là
aussi, complètement hors du temps !
L'aumônier était venu chez nous,
L'abbé Souris ... C'était véritablement son nom. Il avait sorti ne bouteille de
champagne ...
- " Nous ne savons pas ce qui
peut nous arriver. Commandant, il faut baptiser votre fille ! Nous ne savons
pas si nous parviendrons à gagner Dakar en cas de besoin !"
Et maintenant, si c'est le soir du
"Grand Soir" ... Allons-nous fuir vers Saint-Raphaël ? … Il en est
question …
M' ENFIN !
« … UN PÊCHEUR QUI LANCAIT
SON FILET DANS LA MER POUR Y PRENDRE DU POISSON, MAIS EN RETIRAIT UNE FIOLE DE
CUIVRE SCELLÉE DE PLOMB ET MARQUÉE DU SCEAU DE SALOMON, FILS DE DAVID – LE
SALUT SOIT SUR EUX ! LE PÊCHEUR S’EN SAISIT, LA BRISA, ET IL EN SORTIT UNE
FUMÉE BLEUE QUI S’ENLEVA TRÈS HAUT DANS LE CIEL … »
(
Les Contes des Mille et une Nuits)
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