LE CARNAVAL DE QUÉBEC ...
Je recommande les steaks houses, les
grillades sont excellentes et gargantuesques, les darnes de saumon aussi. Mais
… si vous voulez un bon café, Il vous faudra, comme moi, arpenter toute la
ville … Si, si ! J’ai fini par trouver un bar italien dans lequel on m’a
servi un bon expresso ! Mais partout ailleurs, vous aurez droit à un
liquide pâle, servi avec une cafetière en pyrex que l’on maintient au chaud
tout au long du jour sur une plaque électrique !
L’emblème du Québec, c’est le drapeau
à fleurs de lys. Son symbole, ce pourrait être le poêle en fonte : Vous
savez, le poêle rond, chauffant au bois. On ne peut plus imaginer à notre
époque ce qu’à pu comporter d’héroïsme la vie des premiers Canadiens :
Maisons de rondins, fourrures et poêle à bois. Le poêle, c’est la survie de la
famille et le trappeur solitaire, même, se déplace avec son poêle d’une cabane
à l’autre, quand il va relever ses pièges.
Nous passerons à Trois-Rivières où se
louent encore des cabanes plantées sur la glace du lac. Dans la cabane, il y a
un poêle, et un trou a été creusé dans la glace épaisse pour que vous puissiez
y tremper vos lignes. Traditionnellement, je crois qu’il est prudent d’apporter
de quoi boire : Du sec, car il fait bigrement froid ! Il ne me sera
pas donné d’aller à la pèche à Trois-Rivières, mais j’aurai l’occasion d’y
aller sur le lac Saint-Jean, tout près de Chicoutimi.
DES TRACES DANS LA NEIGE ...
… Chicoutimi … Inoubliable !
D’abord parce que l’autobus qui vous y conduit traverse des régions aux noms de
rêve : Saguenay, Laurentides …
Et puis parce que, si vous avez la
curiosité de consulter l’annuaire téléphonique, vous vous apercevrez que la
totalité des habitants, en tout et pour tout, arborent trois ou quatre
patronymes … Tellement de chez nous ! On les croirait sortis d’un roman
paysan : Jolibois, Charlebois, Tremblay … Pourquoi faut-il que j’aie
oublié les autres ? Ils chantent en ma mémoire profonde qui les
retrouve parfois.
Autre élément de poésie : Les panneaux
de signalisation routière qui signalent le paisible passage de l’orignal, ce
grand élan des immensités neigeuses dont on dit qu’il gratte le sol avec ses
sabots pour trouver les mousses sous la neige.
- « Oh ! Ne croyez pas
qu’il y en a tant que ça ! Je pense, me dit un ami québécois, qu’on a dû
planter un poteau chaque fois qu’un orignal a traversé la route ! » …
Pour ma part, je n’aurai pas la chance d’en apercevoir, mais cela ne fait
rien : J’aurais pu apercevoir un orignal, vous vous rendez compte !
LA FORÊT SOUS LA NEIGE ...
Les Laurentides ? C’est le
massif montagneux que l’on fréquente pour ses stations de sports d’hiver :
Je ne les apercevrai même pas : Chutes de neige limitant l’horizon, champs
de neige qui recouvrent tout, nivellent tout : Plus de vallons, plus de
rivières, plus de lacs, beaucoup de forêts de sapins dont on ne devine que
l’orée, tranchée par la route. Mais où donc cultive-t-on le blé ? Où donc
pâturent les troupeaux ? On peut se poser des questions lorsqu’on
sait la longueur des hivers. Ce pays, pourtant, produit du blé, produit du lait
… Allons, l’homme a su s’adapter partout. Les érables, dont la feuille orne le
drapeau canadien et dont les immensités, rousses en automne, embellissent les
affiches des compagnies touristiques … Il me faudra revenir en une autre
saison !
Lorsque j’arrive à Chicoutimi, la
rivière est gelée, bien sûr : Le thermomètre est descendu jusqu’à moins
quarante ! Moins vingt à Québec ou à Montréal, je supportais encore
allègrement, mon manteau restait ouvert la plupart du temps sur mon pull marin
… Mais moins quarante ! Je comprends que des enseignants québécois aient
envie d’aller passer un an en Europe pour se réchauffer. Je comprends aussi
pourquoi on rencontre tant de Canadiens, l’hiver, aux parages des Antilles !
Moi, je n’existe plus : J’ai relevé le col de mon manteau, j’ai rabatu les
oreilles de ma chapska … Il n’y a plus que le bout de mon nez qui dépasse, et
il gèlerait vite si je n’y prenais garde : Allons, rentrons le nez
aussi ! Mais il faut bien respirer ! Quant aux doigts, heureusement
que je porte des gants épais !
AU PETIT MATIN ...
C’est à ce moment-là qu’à proximité,
les pompiers chargent dans leur voiture le corps gelé d’un homme qui s’est fait
surprendre, probablement en état d’ivresse, parmi les blocs de glace accumulés dans
le lit de la rivière … Celui-là est arrivé au bout de son chemin.
Au même instant, et la conjonction
des deux scènes produit un effet complètement surréaliste, mes yeux distinguent
un restaurant, là, devant moi. Il est installé sous une énorme bulle de verre.
Il neige, il gèle, mais les serveuses portent minijupes, vaquant entre les
tables et les chaises dans une atmosphère manifestement surchauffée. Le
spectacle évoque une sarabande. Il me paraît que ces serveuses en bas résilles
ont plus de soixante ans … Goya, es-tu là ? Pour ma part, je n’ai
qu’une hâte : avaler un café bien chaud, même un café réchauffé !
VIENDRA LE PRINTEMPS ...
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