mercredi 29 avril 2015

DES TRACES SUR LA MER ...






TRACES ...

                           
                   LA PIERRE DE LAVE





                                                       LE VOLCAN YASOUR - ÎLE DE TANNA - VANUATU












L’ÎLOT  MATTHEW



Bob en rit encore : -« C’est la meilleure affaire de ma vie ! ».
Bob est Australien. Il tient boutique dans l’île de Tanna, au Vanuatu alors appelé « Les Nouvelles-Hébrides ». Il a acheté, de moitié avec un compère français un îlot du pacifique portant nom Matthew ( prononcer Matiou, comme il se doit !), un îlot tout entier, certes tout petit, certes très isolé … On ne voit pas très bien ce que l’on pourrait bien en faire … Mais c’était la meilleure affaire de sa vie parce que depuis, ce volcan ayant explosé, la superficie de l’îlot avait tout simplement doublé !

Au pied de ce volcan, on a scellé une plaque sur un rocher, plaque de cuivre, gravée. De temps en temps, un navire français se détourne vers ces parages pour confirmer le titre de possession national. Sans doute sonne-t-on du clairon, puis le rocher retourne à ses silences qu’interrompent épisodiquement les secousses telluriques et les grondements du Diable … Les oiseaux de mer en fréquentent les franges et les falaises. De rares arbrisseaux accrochent, leurs racines, tels des bonzaïs japonais , dans quelques anfractuosités.



















Île de Tanna (Vanuatu)




Le volcan Yassour est le nombril du monde
Comme il se doit
De son cratère sont sorties
Toute matière et toute vie

Renâclements rugissements
Vomissements nuages noirs nuages gris
Des gloires de fusées dans la nuit
De temps à autre tremblements

Plaine de sable noir
Bombes chaudes encore
Le lac Siwi d’un vert léger
Ou jaune soufre

Fumerolles sources bouillantes
Un malheureux pandanus accroche ses griffes à la pente
Tout ici est sacré
Angoissante mesure de l’homme

L’autre nom de ce volcan est celui de Dieu
On ne le prononce pas.












 YASOUR, OU YAWHE CE VOLCAN POSSÈDE PLUSIEURS NOMS ...





L’îlot Clipperton, à l’autre bout du même océan, est un mince anneau de corail inhabité la plupart du temps. Il n’a été occupé que très épisodiquement par quelques solitaires un peu étranges vivant de noix de coco et de poissons grillés. Quelques savants personnages l’ont fréquenté également pendant de courtes périodes pour y étudier la faune, la flore, les courants marins ou la reproduction des coraux. Ils ont quitté les lieux dès que leur barbe fût devenue trop longue. On n’y entend que les vagues et le cri assez lamentable des oiseaux à l’occasion. Pendant longtemps cet atoll fut disputé, on ne sait trop pourquoi, entre le Mexique et la France. En mille neuf cent trente et un il fut, on ne sait trop pourquoi, attribué à la France, par arbitrage … Du Roi d’Italie !

Sur Clipperton aussi, on a scellé une plaque. Je crois bien qu’elle est également de cuivre. Là aussi, sans doute, à l’occasion du passage de quelque navire dépêché exprès, le clairon sonne, effrayant les fous et les sternes … Clipperton est administré … Par Tahiti !











L’histoire nous apprend ce que valent ces plaques gravées, ces monuments … Autant en arrache le temps ! Il semble que plus le titre de possession est contestable, plus impérative la volonté de l’attester. À Tahiti, on en trouve partout, des plaques gravées ! Histoire de faire ressortir les liens « indéfectibles » toujours, que l’on a voulu nouer et que l’on a voulu serrer le plus possible … Le temps les dénouera sans doute un jour ou l’autre, là comme ailleurs.




























Rien que sur le quai de Papeete, on trouve un monument à la gloire de la France-Libre, on rencontre ensuite une plaque reproduisant le texte de la citation à l’ordre de l’armée française des «Poilus Tahitiens », puis une autre plaque encore, évoquant la citation des Combattants tahitiens de la seconde guerre mondiale. J’allais oublier le buste de Monsieur de Bougainville, trônant face à la Poste entre deux canons modernes. Entre ces plaques, les Chinois de Tahiti en ont scellé une autre commémorant l’arrivée de leurs premiers compatriotes : manière, encore, de rappeler ses droits. Le Monument aux Morts des Établissements Français d’Océanie n’est pas très éloigné de cela, arborant des noms polynésiens.

Dérision ? – Une plaque, scellée sur le mur d’un bistrot, rappelle qu’ « À l’étage au-dessus est mort un célèbre chanteur français », je crois qu’il s’agit de Jo Dassin.






















Poussez jusqu’à la plage de la Pointe Vénus, on a gravé sur d’énormes troncs d’arbres les noms des « grands Navigateurs ». La dernière fois que je suis passé par là, je les ai cherchés en vain : Les a-t-on retirés ou bien ai-je mal cherché ?  Mais peut-être, aussi bien, le flot aura tout emporté au passage d’un cyclone … Ces choses-là arrivent parfois ! Les troncs gravés seraient partis avant que le temps ne les enlève ? … Prophétie ? … Une plaque existait également à la Pointe Vénus, tout près du phare … Elle commémorait l’observation du passage de la planète Vénus par le Capitaine Cook … Elle aussi a disparu … Ou bien elle est revenue depuis ?

Les plaques gravées se fendent ou s’arrachent. Les grands hommes trébuchent et passent. Les drapeaux changent, les sonneries des clairons s’éteignent … C’est le temps qui finit toujours par avoir raison, le temps et l’océan !

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