La "pêche blanche" sous la glace ...
Vous avez voulu voir comment se
pratique la pèche sur le lac Saint-Jean, l’hiver ? Il fait toujours moins
quarante. Vous vous sentez un peu engoncé dans les multiples épaisseurs de vos
vêtements. La voiture tous terrains s’engage sur la glace qui recouvre le
lac : Pas de danger … Son épaisseur est de plus de deux mètres, on vous
l’a dit ! pas de cabanes ici, pas de poêles. Des gens creusent un trou
dans le hurlement d’une tarière à moteur faisant plus de bruit encore qu’une
tronçonneuse. Quand elle s’arrête, le silence reprend ses droits, le grand
silence sur l’étendue toute blanche.
Chaque groupe de pêcheurs a creusé
une demi-douzaine de trous. Au fond de chacun, on aperçoit l’eau libre, qui ne
tarde pas à se recouvrir d’un voile de givre. On jette les lignes dans le trou,
sans canne, et on les fixe à de petits bouts de bois dont la détente annoncera
les prises. J’ai attendu longtemps. J’ai eu très froid. J’ai tapé du pied et
j’ai claqué mes mains l’une contre l’autre … Je n’ai rien pris et mes compagnons
non plus, mais … Je vous jure que ce n’est pas l’histoire de la chasse au
Dahut ! C’est certain, on prend ainsi du poisson, parfois beaucoup de
poisson, même des brochets … Gros comme ça ! … Il ne s’agit pas d’une
farce à l’adresse de ces « Maudits Français » !
Retour par la route : Nous
sommes allés presque jusqu’à la frontière des Etats-Unis, à Sherbrooke. De
Sherbrooke, rien à dire, ou si peu de choses ! La neige tombait, tombait,
tombait encore. Nous n’avons rien vu d’autre que les tourbillons de la neige
malmenée par le vent. Le mois a passé, la mission se termine. Une anecdote
encore, mais elle n’est pas à mon honneur et j’en suis encore un peu
confus : Invité au restaurant par les responsables de la Commission
Scolaire, dans un restaurant choisi parmi les meilleurs, J’ôte mon manteau pour
m’asseoir à table. Je ne porte pas de veston sous le manteau, seulement un pull
… Vous êtes tellement engoncé avec tout ce qui vous recouvre !
- « Je vous demande pardon,
Monsieur, me dit le maître d’hôtel, mais le veston est exigé dans la
salle. »
Comment faire ? Mes hôtes se
regardent, je les regarde … Essais pour parlementer … Le maître d’hôtel est
inflexible. Je suis prêt à ressortir, le rouge m’étant monté aux joues, mais le
maître d’hôtel m’apporte un veston : Le sien sans doute. Il me prie de
l’enfiler. L'homme est beaucoup moins gros que moi. Je prendrai mon repas
en serrant les omoplates dans mon veston étriqué ! … Amis de Sherbrooke,
en riez vous encore?
Une rue de Québec sous la neige
Mais vous me demanderez peut-être ce
que j’ai pensé du système scolaire québécois ?
– C’est vrai, j’ai
visité beaucoup d’établissements scolaires. La mode était alors aux écoles à
« aires ouvertes », et l’on réfléchissait à l’organisation du soutien
pour les enfants en difficulté. On avait aussi équipé largement les
établissements en récepteurs de télévision. D’autres recherches portaient sur
les systèmes d’évaluation.
Je me souviens que j’ai regagné mon
pays en me disant que le système scolaire français, après tout, ne devait pas
être si mauvais que cela ! Soit dit en toute amitié et sans esprit de
critique : Quand on voyage, on s’aperçoit que tout le monde, dans tous les
pays, cherche, cherche … Mais les pesanteurs ! Mais les utopies !
« À QUELQUE TEMPS DE LÀ,
LE CALIFE ME FIT MANDER DE NOUVEAU POUR QUE JE LUI PRÉCISE LES CIRCONSTANCES DE
MON VOYAGE ET LUI FOURNISSE QUELQUES DÉTAILS SUR LE ROYAUME DE SARANDIB … »
(Les Contes des Mille et Une nuits)
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