AU CAP HORN
Longue houle d'abord, puis passer entre les
îlots, très proches les uns des autres _
Balises à terre _
Bouée _ Mais le feu que la carte signale
n'est pas allumé.
Pas de vie, aucune. J'interroge cette roche,
cette terre _
Rien ne me répond _ Iles, îlots, steppes,
chaînes, pics et
glaciers, pentes buissonneuses, râpées ou
arborées.
Multiples bras de mer, défilés, fjords,
rias, entailles et
saignées. Le ciel non plus, gris, vide, ne
répond pas.
Les chansons du passé, seules, portent paroles :
Claquements de voiles, grincements de
guideaux et de
poulies, halètements d'un treuil, coups de
gueule d'un
bosco. Le vent qui coupe, la nuit qui glace,
le temps, infini ...
Croix de bois, aperçue au musée de Punta
Arenas, gravée au couteau d'une supplique aux
marins de
passage, pour les prier de bien vouloir
assurer l'entretien
de la croix : Celle d'un Capitaine qui, là,
mourut de
« désespérance »
...
Nous sommes entrés dans le canal de Beagle.
Mer
calme. Toujours des falaises, couronnées de neige et
de
glace, cascades, eaux d'un gris d'argent, pentes
0veloutées, d'un vert sombre griffé de roux.
Nous allons
vers
Ushuaïa ! Par ici sont passés, gueux affamés, les
chercheurs d'or allant vers la Californie.
Par ici sont
passés les découvreurs et les marins de ces
trois-mâts,
Puerto Williams : En fait, c'est la ville la plus
australe du monde. Elle est chilienne ... Un
millier
d'habitants, maisons préfabriquées, en tôles
d'aluminium.
Toits
bleus _ Tas de bûches _ Monceaux de bûches
coupées et fendues pour l'hiver. Sept ou huit
échoppes ...
Des
femmes brunes font la queue pour acheter des
saucisses à l'occasion de Noël. Un vieux
rafiot le long du
quai,
solidement tenu par quatre chaînes. _ Canons _ Un
autre
vaisseau de guerre appareille : Salut et envoi du
drapeau chilien. Un troisième navire repose
sur le fond de
vase
... Ramasser un caillou, un caillou noir sur le bord du
chemin : Que pourrait-on ramener d'autre, de
Puerto
Williams ? Prendre place dans le
"Twin-Oter".
Le Cap Horn ! J'ai vu le Cap Horn ! Le pilote de
l'avion nous a fait virevolter au-dessus du
phare. Mer
calme, mais les rochers sont cependant frangés
d'écume.
Paysage de bout du monde, vraiment : Iles,
lagunes,
labyrinthes de bras de mer et de canaux,
rochers et arbres
morts. Plus loin vers le sud, il ne reste
que l'Antarctique.
Mais,
il faut se rendre à l'évidence : Le Cap Horn n'est pas
un
cap ! Juste un rocher, une île, une petite île, avec un
phare
et une maison.
Le Cap Horn, j'y suis allé !
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