lundi 28 janvier 2019

MUSIQUE DE L'EAU ....




MUSIQUE DE L'EAU











                 Baigner dans un océan de Champagne, descendre,

 descendre ... Des bulles par millions, légères,

transparentes, irisées, pressées ... Qui montent, qui

montent. Des bulles qui dansent, qui picotent, caressent,

frôlent, qui enivrent et laissent entrevoir un ailleurs, des

 merveilles !







                Palmes ! L'abîme bleu noir. Des ombres qui

nagent. L'abîme de plus en plus bleu, de plus en plus noir.

Cascades de rochers baroques, failles, grottes, coupoles,

flèches, gargouilles, cathédrales ! Des fleurs s'épanouissent

 aux arcs-boutants et aux arches : Fleurs rouges, fleurs

roses, bleues ... Fleurs en corolles, fleurs en plumeaux, en

 houppes, en corbeilles, en massifs, en escarboucles,

étoilées, filigranées, niellées, chinées ... Fleurs vivantes qui

s'allument et s'éteignent. 










                       Descendre, descendre encore, dans l'allégresse

 des bulles qui montent. Musique. Musique de violoncelles

et de violons. Champagne et concertos, architectures,

 jardins et vie baroques : Les concertos Brandebourgeois ...

Au creux de la faille le long de laquelle on glisse, guirlandes

 de petits poissons bleus, de petits poissons rayés de rouge

et de vert ... S'enroulent et se déroulent, épanouissements

 et brusques contractions, s'allument et puis s'éteignent ...

Il m'en souvient bien, je retrouverais l'endroit ... Un mérou

 était là, auquel je rendais visite souvent. Ce jour-là, comme

 je mettais le nez à sa porte, il rentrait chez lui, revenant de

 je ne sais où. Un mérou majestueux. Y en a-t-il encore

beaucoup comme celui-ci ? ... Brun, marbré de beige, lèvre

charnue, impassibilité de l'oeil, dignité, dédain,

condescendance sans doute. Ce mérou devait bien peser

trois cents kilos, mais la majesté s'évaluerait-elle au poids ?

 Les ouïes battaient lentement, au tempo de la musique. La

queue avait de lents mouvements ... Un roi, un empereur,

un héros, un demi-dieu ?


 




                          Un soir d'hiver où la rue était très sombre, à

 Paris, dans le Quartier Latin ... Quelles errances nous

avaient poussés jusque-là ? Rue baignée par les flots des

 Concertos Brandebourgeois ...





             



                         Le porche franchi, de Saint Julien-le-Pauvre,

 allégresse ! ... Ivresse, très doux courants se faisant

impétueux soudain, très enveloppants. Éclosions de

corolles et d'éventails, déroulements de draperies,

enroulements de crosses. La musique qui se replie et se

 contracte, se développe et puis s'enveloppe. Océan et

musique vous baignent, vous prennent et vous entraînent.

 Aux parois demeurées dans les ténèbres brûlent

lumignons et chandelles, luisent des icônes et des ors ...

Tiares ! _ Saint Julien-le-Pauvre : église orthodoxe aux

 voûtes romanes, piliers torses aux nervures palmées. 









                          Comment étions-nous arrivés jusque là ?

_ À vrai-dire nous ne le savions guère et même nous le

demandions nous ?











                          Pourquoi mêler cette histoire aux gerbes

 nées de la vague au flanc d'un récif ?

_ Se laisser prendre, chercher l'harmonie, harmonie des

violons et violoncelles, des icônes, des rouges, des ors ...

 Oubli de soi et, tout à la fois extension de l'âme, jusqu'aux

confins du divin ! En nous l'allégresse montant ... Bach,

mais aussi bien Mozart ...










Océan et musique, jamais l'un sans l'autre. C'est toujours

 extase, en quelque sorte prière, accomplissement,

 exhaussement et accord. Là se découvrent l'Éternel et

l'évidence.




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