vendredi 25 janvier 2019

LES BALLONS




DES BALLONS





             






                Flotter ... Flotter

 entre deux eaux, dans

 une nacelle suspendue

sous un ballon aussi beau

 qu'une méduse

 avec son ombelle colorée de rose, de violet, de mauve, de

 blanc et de bleu. 











 Flotter en silence

 dans des eaux

transparentes et tièdes ...

 Aller doucement, sans

un heurt, monter,

 descendre, dériver ...












                 Je n'oublie pas

que mon père fut

aérostier. Ah! Le ballon

libre!

Libre, entendez vous?

C'était le ballon qui était

 libre, libre d'aller.

On était installé dans une

 nacelle en osier qui avait

 tout d'un panier.

On jetait des sacs de lest

pour alléger le ballon, ce

qui lui faisait gagner de

l'altitude. On tirait sur la

ficelle qui commandait

les soupapes, ce qui

 libérait de l'hydrogène et

 le ballon descendait,

un peu,

 beaucoup, à peu près

comme on le désirait.








On survolait sans bruit

les crêtes des collines, les

 cimes des arbres, les

près, les plages, l'océan.

On traînait par-dessous

le grappin du guide-rope

pour l'accrocher quelque

part lorsqu'on voulait

s'arrêter. Tout cela sans

bruit, sans secousses,

rien que le léger chant du

 vent dans les suspentes

... Mais ces  ballons

militaires étaient de

couleur unie, terne,

triste.



 
                    



         Mais non pas nager,

 flotter, dans une nacelle

 suspendue sous un

ballon couleur de pastel,

un ballon qui serait aussi

 beau qu'une méduse,

sous son ombelle ...











    Ah! Les montgolfières! _ Un jour, t'en souvient-il ?

 _ Nous étions sur la

route, en voiture,

quelque part, je ne sais

où. Ce devait être au

début de l'été : Le ciel

était pur,

l'air tiède, la lumière

dorait les peupliers.

Les blés étaient

hauts mais verts encore. 




                     







        Les montgolfières …

 Une, puis deux, trois, dix

 douze peut-être!

Silencieuses, tellement

silencieuses qu'on aurait

très bien pu ne pas

s'apercevoir de leur

présence.









 J'arrêtai la voiture sur le

bas-côté. Dix, douze

ballons, emportés

doucement vers l'est, très

 doucement, à des

hauteurs différentes,

très légèrement

différentes.

Gloire de

 couleurs!

Ces ballons sont ornés

comme les spinnakers

des grands voiliers,

lorsque le vent les gonfle

eux aussi et les pousse

sur l'eau. Bandes rouges

et blanches, bleues,

vertes et jaunes, en lignes,

 en chevrons, en

découpures de quartier

 d'orange, en losanges,

en couronnes. Dessins

fluorescents :

 Visages d'anges, figures

de dragons, hippocampes,

 soleils ...

 Les ballons sont joufflus, lisses, rubiconds, rassurants,

 satisfaits.

Dans les nacelles légères

on aperçoit les aérostiers.

 De temps à autre,

lorsqu'une montgolfière

descend trop près du sol,

 on entend une explosion

 assourdie; une flamme

longue et blanche monte

à l'intérieur en chuintant.

 On allait craindre que

tout prenne feu, que tout

se brise. L'air contenu

dans l'enveloppe est déjà

 réchauffé …

Le ballon bondit et

grimpe à nouveau dans le

 ciel ... Jusqu'où ira-t-il ?









_ " Oh! Quel bonheur,

d'être plongé dans

l'abîme des  plaisirs de

Dieu, de nager dans

l'océan de sa joie et de ses

 consolations ineffables.

Figurez vous un poisson

en pleine mer;  il nage

avec délices;  il y a cent

piques d'eau au-dessus

de lui, cent piques

au-dessous, cent piques

derrière, cent piques à

droite, cent piques à

gauche; de quelque côté

qu'il se tourne, du côté

de l'orient, du côté de

l'occident, du côté

 du midi, du côté du

septentrion, il est

environné d'eau , où il

 nage à son aise ... * 

* (Claude Joly, 1610-1678 ).



 





Mais non pas nager ...

Dériver,

au gré des courants,

au gré des ascendances

ou descendances ...





       




                     Mais non pas

nager, flotter, dans une

nacelle suspendue sous

un ballon couleur de

pastel, un ballon qui

serait aussi beau qu'une

méduse, sous son

ombelle ...




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