mardi 22 janvier 2019

LES OISEAUX DES SEYCHELLES




DES OISEAUX




                   







                     Comment imaginer le bonheur sans

un arbre, sans les feuilles, sans les fruits, sans les

fleurs, sans les oiseaux ? Ici, les arbres portent

de petites fleurs blanches et tout à la fois les

coupes des tulipiers, les pompons des dahlias,

les roses en bouton et les roses épanouies, les

longs cornets des droséras, les flammes des

glaïeuls, les houppes des coccolobas ou

raisins-bord-de mer. Les feuilles sont graciles et

roses ou bien larges et luisantes ainsi que celles

des magnolias. Comment imaginer plus pure

merveille que la miraculeuse ébénisterie de la

pomme du mahogani, ses graines ailées logées

entre les écailles qui s'ajustent et s'emboîtent ? ...

L'air sent la cannelle, la girofle, le cèdre et le

mimosa. Il faut imaginer des rameaux chargés

tout à la fois de sapotilles, de prunes et de

pommes, de mangues, de cerises, de letchis,

d'oranges, d'abricots et de noix ... La brise dans

les branches et dans les feuillages joue des

musiques très douces.




                                                                                                                          
          






                      À cinq heures, dans l'après-midi,

on tape dans ses mains, vigoureusement, comme

pour appeler quelqu'un. Le bonheur alors se

complète. Il arrive très vite, dans un froissement

de rouges et d'orangés. Centaines d'ailes qui

battent. Centaines d'oiseaux cousins des serins,

libres, venant nous voir car tel est leur bon plaisir,

 nous faisant la grâce d'une visite. Vous leur

lancez deux poignées de riz sur la terrasse.

Ils se posent avec de petits cris de joie. Joie ...

C'est la joie qui bat des ailes, écarte les queues en

éventails, déplie les petites pattes, ouvre les

doigts. La plupart de ces oiseaux sont rouges,

avec le ventre dans les tons orange vif. Certains

ont la plume verdâtre, d'autres, plus rares, sont

tout à fait jaunes comme les canaris de vos

volières. Ils viendront picorer jusque dans le

creux des mains, lestes, prompts, attentifs.

Habituellement ils vont en bandes et on ne les

voit venir qu'en fin d'après-midi. Il arrive souvent

 pourtant qu'un vieux mâle vienne se poser sur

ma fenêtre aux heures les plus chaudes. Il rentre

dans la cuisine. Il est chez lui. Sur la table, il sait

qu'une tranche de pain a été disposée à son

intention. Je ne jurerais pas, pendant que je le

photographie ... Je crois bien qu'il n'attendait

que ça !






                            








                      À cinq heures, les serveuses du

restaurant de l'hôtel commencent à disposer les

couverts et à préparer le buffet libre-service.

Les oiseaux sont là, perchés sur les dossiers des

chaises. Dès que les dos seront tournés ils

viendront planter leur bec dans la chair des

papayes et autres fruits ... Couvrez, couvrez les

plats et les mets qu'ils contiennent, les oiseaux

arrivent ! Ils sont là, pendant le repas, prudents,

mais néanmoins effrontés assez pour demeurer à

faible distance. Ils font le bonheur des convives.

Dès que les chaises ont été tirées, ils se reforment

 en vol serré et ils se posent sur les tables.













                       Le bonheur est là. Les arbres sont

toujours verts. Il y a toujours quelque part

quelque fleur épanouie. Il y a toujours, pendu à

une branche ou à une autre quelque fruit à peau

de velours ou à peau de cuir. L'air sent le

patchouli, la vanille, la cannelle, la girofle. Il y a

des centaines d'oiseaux qui pépient en battant

des ailes, des oiseaux libres et sans crainte ...

Le bonheur selon Saint François d'Assise qui

parlait aux oiseaux ! ... C'est tout près de la ligne

 équinoxiale, c'est aux iles Fortunées, c'est aux

îles Bienheureuses, c'est aux îles Saint Brendan,

aux îles d'Ophir, aux îles du Brazil, c'est aux

Seychelles, les îles d'or, d'émeraude et de saphir ! ... 



                    


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